En 2025, les salaires français montrent une reprise progressive après deux années difficiles marquées par l’inflation. Selon les dernières données officielles et les études sectorielles, le paysage salarial français se redessine avec des évolutions contrastées selon les secteurs et les régions.
Le dernier chiffre officiel disponible reste celui de 2023, avec un salaire médian net de 2 183 € par mois en équivalent temps plein dans le secteur privé. Cette donnée, publiée par l’INSEE avec le délai habituel de 18 mois, constitue la référence canonical pour évaluer la situation salariale française.
Les estimations pour 2025 suggèrent une progression modérée autour de 2 305 € nets mensuels, soit une hausse d’environ 5,6% par rapport à 2023. Cette projection s’appuie sur l’évolution du SMIC (1 801,80 € brut mensuel en 2025) et l’inflation maîtrisée à 0,9%.
Salaire moyen versus médian : comprendre les écarts
Le salaire moyen de 2 733 € nets par mois (chiffres 2024) reste nettement supérieur à la médiane, illustrant la persistance des inégalités salariales. Cette différence de 550 € reflète l’impact des très hauts revenus sur la moyenne, confirmant que la médiane représente mieux la réalité du « salarié typique ».
Évolution du pouvoir d’achat : retour progressif à la croissance
Après deux années de recul (-1,3% en 2022, -1% en 2023), les salaires français retrouvent du pouvoir d’achat en 2024 avec une progression de 0,8% en euros constants. Cette amélioration, bien que modeste, marque un tournant important dans un contexte de désinflation.
L’industrie tire son épingle du jeu avec une hausse de 1,1% en euros constants, affichant un salaire moyen de 3 021 € nets par mois. La construction progresse plus modestement (+0,4% à 2 411 €), tandis que le tertiaire enregistre +0,7% pour atteindre 2 705 €.
Les ouvriers gagnants de cette reprise
Paradoxalement, ce sont les ouvriers qui bénéficient de la plus forte progression salariale (+1,1% en euros constants), avec un salaire moyen de 2 051 € nets mensuels. Cette dynamique s’explique par les revalorisations du SMIC et l’effet de diffusion dans les grilles salariales des conventions collectives.
Disparités sectorielles : qui gagne le mieux sa vie ?
Les écarts sectoriels demeurent substantiels en 2025. Les services financiers conservent leur position dominante avec 4 123 € nets mensuels en moyenne, suivis par l’information-communication (3 853 €). À l’opposé, l’hébergement-restauration peine toujours avec 1 979 € en moyenne.
Secteurs en croissance
Plusieurs secteurs tirent leur épingle du jeu en 2025 :
- Informatique : +4,2% d’augmentation moyenne
- Ingénierie : +3,8% de progression
- Santé : +3,1% de hausse
- Aéronautique et énergie : secteurs particulièrement dynamiques
En revanche, la grande distribution (+0,8%) et l’hôtellerie-restauration (+1,2%) peinent à suivre le mouvement général.
Géographie des salaires : l’Île-de-France toujours en tête
L’Île-de-France maintient sa prééminence avec un salaire médian brut annuel de 35 146 € selon les baromètres d’offres d’emploi 2025, soit +10,1% par rapport à la moyenne nationale. Cette prime francilienne compense partiellement les coûts immobiliers et de transport élevés.
Classement des régions les mieux rémunérées
- Île-de-France : 35 146 € brut annuel
- Auvergne-Rhône-Alpes : 32 078 €
- Provence-Alpes-Côte d’Azur : 31 845 €
- Occitanie : portée par Toulouse et Montpellier
Les régions Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté et Normandie affichent les médianes les plus basses, reflétant des structures économiques différentes.
Inégalités femmes-hommes : une réduction qui s’accélère
L’écart salarial entre femmes et hommes continue de se réduire, atteignant 13% en 2024 contre 13,3% l’année précédente. Les femmes gagnent en moyenne 2 514 € nets par mois contre 2 891 € pour les hommes, soit un écart de 377 €.
Cette diminution progressive (-5,1 points sur 10 ans) s’explique par plusieurs facteurs :
- Élévation du niveau de qualification féminin
- Politiques d’égalité professionnelle obligatoires
- Changement générationnel des pratiques managériales
Le plafond de verre persiste
Malgré ces progrès, les femmes ne représentent que 24,2% du 1% des salariés les mieux rémunérés, alors qu’elles constituent 42% de l’ensemble des salariés du privé. Cette sous-représentation dans les très hauts revenus explique en partie la persistance des écarts moyens.
Distribution des salaires : qui gagne quoi en 2025 ?
La répartition des salaires français en 2025 révèle une structure toujours marquée par les inégalités, bien qu’en légère amélioration :
- 10% des salariés gagnent moins de 1 492 € nets par mois
- 50% des salariés gagnent moins de 2 190 € nets (médiane)
- 90% des salariés gagnent moins de 4 334 € nets par mois
- 1% des salariés dépassent 9 970 € nets mensuels
Cette distribution montre que près de la moitié des salariés français évoluent dans une fourchette comprise entre le SMIC et 2 200 € nets, confirmant la concentration des revenus dans le bas de l’échelle.
Perspectives 2025-2026 : vers une modération des hausses
Les prévisions pour la fin 2025 et 2026 tablent sur une modération des augmentations salariales. Les cabinets spécialisés anticipent des hausses moyennes de 1,5% à 2,2%, contre 2,7% en 2024.
Facteurs explicatifs
Cette décélération s’explique par :
- Le retour d’une inflation maîtrisée
- La normalisation du marché de l’emploi post-COVID
- Une prudence accrue des entreprises face aux incertitudes géopolitiques
- L’achèvement du rattrapage inflationniste
Néanmoins, certains secteurs comme l’aéronautique, l’énergie et le numérique devraient maintenir des dynamiques salariales plus favorables, tirées par la pénurie de talents qualifiés.
Méthordologie et sources des données salariales
Les statistiques salariales françaises reposent sur plusieurs sources complémentaires. L’INSEE exploite les Déclarations Sociales Nominatives (DSN) qui couvrent l’intégralité des 16 millions de salariés du secteur privé non agricole. Ces données, publiées avec 18 mois de décalage, constituent la référence officielle.
En parallèle, les baromètres privés comme celui d’Hellowork analysent les offres d’emploi en temps réel, fournissant des tendances actualisées mais avec des biais de représentativité. La convergence entre ces sources renforce la fiabilité des analyses.
Les données présentées excluent la fonction publique, l’agriculture et les particuliers employeurs, représentant environ 60% de l’emploi total français. Cette limitation explique certains écarts avec d’autres statistiques européennes plus englobantes.

